Il y a des expositions qui vous laissent de marbre, indifférents. Celle-ci vous prend à la gorge et vous tord l'estomac. Quel est ce monde de fantômes pâles où les adultes enferment, dans leurs bras, des enfants tristes, comme pour les isoler des autres ? Un vers d'Aragon m'est revenu : « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » j'ai cru retrouver également la peinture-choc d'Edward Munch : « Le cri ». 

Sommes-nous en train de nous déshumaniser à ce point ? Sommes-nous, à ce point, désespérés ? Quelles questions lancinantes et sans réponses se posent ces hommes et ces femmes qui prennent leurs têtes entre leurs mains ? 

Je vous livre là ma première impression et puis... comme je suis plutôt d'un naturel optimiste, je me suis demandé s'il ne fallait pas voir ces tableaux différemment. 

Ne s'agirait-il pas finalement, d'êtres humains qui se libèrent, qui s'affranchissent de tout le « paraître », de ces barrières vestimentaires ou sociales qui sont mises pour se « donner l'air », d'êtres humains en recherche de l'essentiel, qui prennent conscience de leur terrible solitude mais, en même temps, de leur inextinguible soif d'amour. 

Soyons fous ! Enfin libérée du futile et de l'inutile, cette humanité, ne se prépare-t-elle pas, dans sa pauvreté, à recevoir l'amour qui seul pourra la combler ?